Je suis une résistante

J’ai toujours pensé être une extraordinaire résistante. Mais à quoi ? A 46 ans, je me vois encore comme une véritable adolescente quelquefois ! Remettre en question les ordres quand ils ne nous semblent pas dignes d’être suivis, vouloir des explications

Ah, la Résistance… cette belle organisation valorisée au sortir de la 2ème guerre mondiale au point que tous ceux qui n’étaient pas en sa faveur étaient montrés du doigt, une fois que le gouvernement nazi a été renversé. Les « collabos » devenaient la honte de leur famille, quand ils n’étaient pas fusillés. Comme le chantait Jean-Jacques Goldman : “Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens ?”

 

J’ai toujours pensé être une extraordinaire résistante. Mais à quoi ?

 

A 46 ans, je me vois encore comme une véritable adolescente quelquefois ! Remettre en question les ordres quand ils ne nous semblent pas dignes d’être suivis, vouloir des explications… Je l’ai fait avec mes parents, je l’ai fait avec la société.

Et je l’ai fait aussi avec Dieu !

 

J’ai confié ma vie à Jésus très tôt et me suis fait baptiser à 15 ans. J’ai vite compris que les pasteurs et les missionnaires, étaient des gens très occupés…et faillibles aussi, parce qu’ils ont beaucoup de responsabilités. Je priais donc pour ne jamais épouser l’un d’eux ! Le Seigneur a beaucoup d’humour… Il m’a amené à épouser un mari hyperactif avec un cœur d’évangéliste, qui sert Dieu à plein temps depuis 20 ans.

 

Étant d’origine arménienne, en avril 2022, nous avons choisi de partir 2 semaines en Arménie ! Nos enfants n’y étaient encore jamais allés, et il est toujours bon de connaître ses racines. Dès notre arrivée, chaque jour devenait une évidence pour Pascal : c’est sûr, il faut qu’on vienne vivre ici un an… ou deux.

Nous avons vécu des moments incroyables, prié dans un cimetière à minuit pour un papa qui avait perdu son fils à la dernière guerre, rencontré des chrétiens du monde entier, discuté avec des témoins de choses à peine croyables, parlé librement de notre foi aux taxis. Et nous nous sommes sentis en sécurité.

 

Nous installer ici ?! Mais bien sûr ! Oui mais non, en fait ! Et nos 3 ados de 13, 13 et 16 ans… on en fait quoi ?

 

Et on n’est pas si mal en France !

Et on a un projet d’agrandissement de la maison !

Et on a commencé un beau potager bio.

Et on devait planter 2 autres arbres fruitiers…

Et nos 8 poules, notre coq, notre chat et nos tortues… que deviendront-ils ?

Et notre maison est tellement bien placée, on est tranquilles, à côté de tout !

Et nos amis qu’on aime voir souvent !

 

Et et et… N’importe quoi ! M’enfin !

 

Une bonne résistante avec tous les arguments. J’en avais un qui était infaillible : “Tant que Dieu ne me le montre pas, je n’y vais pas”, (vous connaissez toutes cet argument qui te dispense de prier…). Et un autre argument pas mal non plus : “Si je te suis juste parce que je suis ta femme, quand ça ira mal là-bas, je pourrais t’en vouloir et ce ne sera pas bon pour notre couple.”

OK.

On a prié.

Au beau milieu de notre séjour arménien, on a prié avec quelques nouvelles amies que nous venions de nous faire, pour que Dieu nous parle dis-tinc-te-ment. J’ai prié, même si je n’en avais pas envie.

 

L’après-midi même, nous assistions au culte à l’Eglise Internationale de Yerevan (capitale de l’Arménie). Et le pasteur prêche sur quoi ? Sur Dieu qui dit à Abraham dans la Bible : “Tu quitteras ton pays, ta famille, ta maison et tu iras t’installer dans le pays où je te dirai d’aller.”

 

Petit sourire et regard transversal de Pascal…

 

“Non !! “

 

J’avais besoin que ça fasse son chemin. Et j’entendais dans ma tête “tu quitteras ta maison, ta maison, ta maison…”

Ma famille ? Je ne vivais déjà plus près d’eux depuis longtemps. Mon pays ? J’avais déjà vécu à l’étranger 1 an quand j’étais étudiante. Apprendre la langue ne me faisait pas peur.

Mais mes amis, mes projets, ma maison… quitter tout ça ? C’était trop dur ! Il fallait vraiment que j’entende Dieu me parler à moi, à moi en personne !

 

Alors j’ai fait un pas vers l’inconnu. De retour en France, j’ai demandé à mon directeur comment faire si je voulais partir 1 an à l’étranger. Réponse : il restait deux semaines pour faire les démarches avant la fermeture des dossiers.

 

Je l’ai rempli.

 

Au cas où.

 

Puis tout a été comme sur une autoroute française la nuit : fluide et éclairé !

– L’inscription au lycée français pour les enfants : check !

– L’envoi d’une unique candidature spontanée en Arménie, pour enseigner dans ce même établissement : check !

– Réponse positive du directeur, pour un mi-temps, exactement comme je le souhaitais secrètement : check !

– Réponse positive officielle à ma demande de mise en disponibilité : check !

– Un appartement mis à notre disposition pour notre arrivée : check !

– Mon amie de jeunesse qui s’était déjà expatriée sur place depuis 4 ans : sa présence m’a beaucoup rassurée. Check !

– La bénédiction de ma maman, heureuse pour nous : check !

– Dernier point et non des moindres : 2 de nos ados étaient enchantés. Et le 3ème s’y est d’abord vivement opposé (il doit tenir un peu de moi) pour très bien s’y adapter finalement. Méga-check !

 

Résister lorsqu’un projet est néfaste, exercer son esprit critique est une bonne chose. Mais vient le moment où tu choisis de baisser les armes. Si on choisit de s’abandonner à Jésus, ce n’est pas pour vivre dans la peur ou dans le contrôle. C’est pour accepter de collaborer à un projet dans lequel il serait dommage de ne pas participer.

 

De collaborer ‘enfin’ avec la bonne personne.

Ma prière pour nous : Je choisis de résister, oui. À ma peur de l’inconnu. À mon désir de contrôle. À mon refus d’embrasser l’imprévu. Et j’ai décidé de mettre ma main dans la main de Celui qui sait, la paix dans le cœur. 

Karine